Bordeaux entre en mutation. D'un côté, des étiquettes plus modernes qui cassent les codes. De l'autre, des vins plus frais et fruités. Zoom sur ce phénomène indispensable au renouvèlement du monstre Bordeaux.

Plus fruités, plus frais

La nouvelle génération de vins rouges de Bordeaux reflète les terroirs, la personnalité des vignerons et l’évolution constante des pratiques au vignoble. Bordeaux change. Ces nouveaux vins rouges de Bordeaux remettent en question les idées reçues sur la région. S’ils font des vins qu’ils apprécient, ces femmes et ces hommes cherchent aussi à faire plaisir à leurs clients et répondre aux attentes des consommateurs en permanente evolution. Face à l'exode de clients, ces dernières années, les producteurs ont significativement fait évoluer le style des rouges de Bordeaux vers des vins avec plus de souplesse, de gourmandise, un fruit particulièrement expressif, moins boisés, prêts à boire jeunes et lors d’occasions plus informelles. 

Des évolutions significatives dans les chais

Pendant la vinification « Less is more ». On retrouve des macérations plus courtes pour réduire les extractions de tannins avec des remontages moins systématiques, plus mesurés. Utilisation plus commune de levures indigènes pour retrouver un gout plus naturel. Enfin, une utilisation de la gravité, une manière de faire circuler le vin en douceur.

L’élevage s’adapte aussi pour obtenir un vin plus souple, fruité, expressif et moins boisé. Pour obtenir ce bel équilibre et bénéficier sans excès des arômes boisés de la barrique, plusieurs pratiques ont été mises en œuvre : un usage plus modéré de la barrique.

• Réduction du temps d’élevage en barrique
• Réduction de l’utilisation de barriques neuves
• Des élevages mixtes (barriques et cuves)
• Elevage dans des fûts ou foudres (500 litres ou plus) dont la taille est supérieure à la barrique bordelaise (225 litres)
• Des matériaux neutres : cuves en ciment ou en inox
• Les amphores en terre cuite ou en grès : elles favorisent la micro-oxygénation
• Des cuves ovoïdes permettent à certains d’expérimenter un élevage sur lies fines

Ils changent de look

Après ces changements du côté de la vinification, l'image doit aussi se moderniser. Et les rayons ont déjà commencé cette mutation. Les Bordeaux s'éloignent de Bordeaux. On retrouve des étiquettes en rupture avec les codes traditionnels. Elles sont plus créatives (parfois le design est confié à un artiste), plus colorées, voire humoristiques, pour certaines. Les bouteilles participent aussi à la modernisation des rouges. Adieu la forme « bordelaise ». Certains producteurs en référence aux anciens cépages remettent au gout du jour l’ancienne bordelaise caractérisée par des épaules moins marquées où vont même directement chercher des formats bourguignon ou languedocien. On le voit, une partie des producteurs veut élargir cette frontière du vieux Bordeaux.

En 2022, Bordeaux, c'est 3,5 millions d’hl de rouge récoltés soit 465 millions de bouteilles. La région reste un mastodonte de la production de vin en France. Pour sauver cette filière, les producteurs l'ont bien compris, il faut évoluer et sans attendre.