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Les vendanges tropicales du Brésil: une récolte continue au cœur du désert

Par Baudouin Havaux 

13.09.2024

Au nord-est du Brésil comme dans d’autres zones tropicales, on réalise 2 à 3 vendanges par an. A Pétrolina dans la province de Pernambuco, à 500 km de Recife, le paysage est aride et désertique. Jamais on ne pourrait imaginer y faire pousser quoi que ce soit, si les cultures locales n’étaient pas irriguées par l’eau puisée dans le fleuve Sao Francisco qui traverse la vallée.

Bananes, citrons verts, mangues, cocos de Bahia, raisins de table mais aussi le vitis vinifera qui produit du raisin de cuve assurent la prospérité économique de cette région. Ces vignobles qualifiés de tropicaux, bien qu’ils soient situés en zone équatoriale, à huit degrés de latitude sud, sont plantés en réalité en zone dite tropicale semi-aride. C’est d'ailleurs le vignoble produisant du vin commercial qui est situé le plus près de l’équateur. D’autres exploitations jouissant de conditions similaires ont vu le jour au Venezuela, en Inde ou en Thaïlande.  

En région tempérée, c’est la succession des saisons associées aux variations de température et des plages de luminosité qui induisent les cycles végétatifs de la vigne. A Pétrolina, la vigne est confrontée à des températures équatoriales, c’est-à-dire relativement constantes tout au long de l’année. Les écarts de températures moyennes ne varient pas de plus de 3 ou 4 degrés entre le mois de juillet (le plus froid jusqu'à 25 degrés) et le mois de novembre (le plus chaud jusqu'à 28 degrés). La période diurne, pratiquement égale à la période nocturne (12h) est assez courte, comparée aux longues journées estivales du bordelais. Mais malgré cela grâce aux températures et aux rayonnements solaires optimaux pour la photosynthèse, et à condition d’avoir un bon système d’irrigation, le développement végétal est extrêmement vigoureux. 

Afin d’imposer un cycle végétatif, l’homme est donc intervenu. Ce sont les pratiques viticoles de la taille et de l’effeuillage qui induisent ici la succession des cycles végétatifs. La durée du cycle végétatif de la vigne (nombre de jours entre la taille et la maturité du raisin) est de +/- 110 jours. Juste après la vendange, le vignoble est taillé afin d’enclencher un nouveau cycle végétatif. Ce qui rend possible que chaque pied de vigne soit vendangé en moyenne tous les 140/150 jours.  Il n’y a donc pratiquement pas de période de dormance qui correspond chez nous à la période hivernale.  

Le plus surprenant pour un producteur européen est leur gestion parcellaire assez inhabituelle, qui est conduite de manière à obtenir une production continue, quasi journalière. Sur une même exploitation, et sur une même parcelle, on peut voir le même jour les différents stades de développement de la vigne : le débourrage, le développement des jeunes rameaux, la floraison, la nouaison, la véraison, et la maturité. Ce qui constitue évidement un sérieux avantage économique. D’abord parce que l’on peut produire 2,5 récoltes annuellement, et ensuite parce que l’on peut amortir le matériel de vinification durant toute l’année. A titre de comparaison, le vigneron en zone tempérée utilise son vendangeoir et son pressoir trois semaines par an. Par contre dans ces chais, le matériel vinicole fonctionne tous les jours.  

Traditionnellement conduit en pergola, le vignoble est progressivement reconverti en rangs pour faciliter les travaux manuels. Le cabernet sauvignon, le syrah, le tempranillo, l’alicante Bouschet et le touriga nacional représentent aujourd’hui les principaux cépages exploités, en attendant les résultats des recherches en cours sur une trentaine d’autres variétés.  

Même si l’année de récolte est imprimée sur les étiquettes, il est assez difficile de se référer au concept de millésime, il faudrait idéalement communiquer sur le mois de production, surtout qu’il existe plus de différences qualitatives en fonction de la saison de récolte que de l’année de récolte.  

Dégustation :  

En général, ce sont des vins que l’on peut caractériser de « techniques » ; on pourrait juste peut-être leur reprocher un manque de complexité et de finesse. Ils sont bien faits, sans aucun défaut, assez puissants et aromatiques pour les rouges. Frais et fruités pour les blancs, comme par exemple un remarquable chenin blanc de chez Miolo qui exprime des arômes variétaux surprenants. Les mousseux, la grande spécialité des œnologues brésiliens sont bien structurés, équilibrés, et présentent beaucoup de fraicheur.  

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