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Bordeaux Primeurs 2024 : Le Triomphe Du Savoir-Faire Vigneron

19.06.2025

Le millésime 2024 à Bordeaux est celui de la résilience, du pragmatisme et du talent technique des vignerons. Qualifié d’« océanique » par David Suire (Château Laroque), il a mis les nerfs et la maîtrise des producteurs à rude épreuve. Malgré une météo capricieuse, les vins offrent une grande finesse, souvent élégants, parfois remarquables.

Un millésime exigeant mais prometteur

Les conditions climatiques ont été complexes : un hiver doux et humide, un printemps instable avec gel et mildiou, puis un été sec mais marqué par une forte pression des maladies. En septembre, les pluies freinent la maturation, mais la fraîcheur préserve l’acidité et limite les arômes végétaux.

Des vins précis et équilibrés

  • Rouges : extraction douce, tanins fins, structure classique, modération alcoolique. Certains lots ont nécessité un tri sévère et une chaptalisation, mais les élevages devraient combler les creux en bouche.
  • Blancs secs : aromatiques, équilibrés, avec des profils fruités (poire, citron, mirabelle…) et une acidité fraîche. Moins de notes herbacées qu’à l’accoutumée.
  • Liquoreux : trois tris sélectifs après le développement du Botrytis en septembre. Résultats : des vins expressifs, concentrés et très élégants.

Un millésime de plaisir

2024 est un millésime de plaisir plutôt que de spéculation, avec des prix plus accessibles qu’en 2022 ou 2023. Il séduira les amateurs de vins digestes, équilibrés et de grande précision.

Focus Par Appellation

Saint-Émilion et Satellites

Un hiver très pluvieux (800 mm sur 1200 mm annuels), un débourrement précoce autour du 23 mars, puis une floraison hétérogène, étalée sur six semaines. Des choix radicaux ont parfois été faits pour améliorer l’homogénéité (Cheval Blanc, Lassègue). Le mildiou a été omniprésent, mais la période estivale sèche a permis d’en réduire l’impact. Les Merlots ont été récoltés fin septembre, les Cabernets début octobre. Tri sanitaire crucial.

Pomerol

Conditions globalement similaires. Le printemps humide a freiné la croissance. Les grappes, aérées par la coulure, ont pu atteindre une bonne maturité. Les vendanges ont commencé dès le 20 septembre. Olivier Berrouet (Petrus) évoque le défi d’éviter des tanins durs ou secs.

Margaux

L'humidité extrême de l’hiver (1 000 mm entre octobre et mars) a compliqué les traitements. La floraison (fin mai - début juin) puis la véraison (août) ont été hétérogènes. L’été a favorisé une bonne maturité, mais les pluies de septembre ont exigé réactivité et précision. Henri Lurton (Brane-Cantenac) résume : “Fraîcheur, équilibre, peu d’alcool, beaucoup de fruit et une belle intensité.”

Saint-Julien

Les pluies de septembre ont forcé une récolte précoce du Merlot. Les Cabernets ont mieux profité de l’arrière-saison. À Gruaud Larose, les vendanges vont du 27 septembre (Merlot) au 1er octobre (Cabernet). Objectif : juste maturité et extractions mesurées.

Pauillac

Le débourrement a commencé avec une semaine d’avance, autour du 20 mars. La pression du mildiou a été forte, mais l’été chaud et sec, avec nuits fraîches, a permis de belles maturités. Les rendements sont modérés à cause du mildiou et des baies petites. Les vendanges s’étalent du 23 septembre au 11 octobre selon les propriétés.

Saint-Estèphe

Pluviométrie exceptionnelle en février-mars, propice au mildiou. Floraison correcte, puis contrainte hydrique marquée en juillet-août. Les nuits fraîches ont permis une bonne synthèse aromatique. Tri impératif à la vendange. Les récoltes s’étalent du 23 septembre au 9 octobre selon les châteaux.

Conclusion : Un Millésime Subtil, Prometteur Et Accessible

2024 rappelle à certains le millésime 1986, sans en avoir la même ampleur gustative — mais avec une maîtrise technique bien supérieure. Ce sont les Cabernets qui tiennent la maturité et structurent les meilleurs vins rouges. Les amateurs trouveront dans ce millésime un Bordeaux tout en élégance, fraîcheur et équilibre, accessible tant par son style que par son prix.

Un millésime qui récompensera les palais patients et les dégustateurs sensibles aux nuances plus qu'à la puissance.


Analyse complète par Abi Duhr - Vins de Bordeaux

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