La vigne ne tolère pas les basses températures. Si celles-ci descendent en hiver en dessous de -6°C pendant une période prolongée, des dommages dus au gel peuvent survenir, entraînant une perturbation du bourgeonnement de la vigne et, par conséquent, une forte réduction de production. En Chine les températures hivernales les plus basses au niveau du sol peuvent descendre jusqu’à -18°C. 

En plus des conditions sèches et venteuses, les pieds et les sarments de vigne sont encore plus sensibles au gel. C’est pourquoi, après les vendanges, on procède à la taille ensuite on irrigue abondamment le vignoble une dernière fois afin de gorger d’eau les tissus de la plante. Les pieds de vigne sont alors couchés sur le sol et recouverts d’une couverture de terre. 

Enterrée sous cette épaisse couche de terre, la plante passera l’hiver protégée du froid. Cette opération assez laborieuse est généralement réalisée à la main, mais peut aussi, en partie, être mécanisée. Ce travail “d’enterrement” et puis “de déterrement” est très lourd, mais indispensable pour assurer la survie de la vigne pendant l’hiver. L’enterrement a lieu généralement 15 jours avant l’arrivée des premières gelées. Les informations données par les stations de surveillance météorologique qui enregistrent les températures, l’humidité de l’air, les précipitations, l’intensité des UV, la vitesse du vent et ses variations etc., sont primordiales pour planifier les travaux dans la vigne. 

Il est curieux d’observer que les pieds de vigne ne sont pas plantés verticalement, mais qu’ils sont tous penchés, avec un angle de 30° à 40°. A Ningxia on parle de la conduite de la vigne en forme du caractère chinois “厂”. Cette technique permet de faciliter le travail d’enterrement de la plante qui présente moins de résistance. Cette technique éprouvante pour la vigne occasionne chaque année des dégâts. Les plantes les plus âgées finissent par casser et doivent être remplacées. 

Il faut attendre l’arrivée du printemps et l’augmentation des températures pour que le sol se réchauffe et dégèle. A ce moment, les vignerons relèvent délicatement les pieds, une tâche encore plus complexe que de les enterrer. Cette opération représente un coût important pour les domaines et nécessite une quantité importante de main-d’œuvre qui heureusement ne manque pas dans la région. 

Baudouin Havaux