L’élevage des vins belges en barriques issues de nos forêts wallonnes
01.03.2022
Boire du vin belge c’est bien, mais boire du vin belge élevé en fût de Chêne belge c’est encore mieux pour la planète. Ce n’est pas uniquement pour des raisons écologiques que plusieurs vignerons belges ont fait confiance aux barriques élaborées à base de chêne provenant des plus belles forêts wallonnes, mais bien parce qu’ils ont trouvé une finesse et une qualité de bois qui répondaient à leur exigence. La majorité des vignerons du monde entier se vente d’ailleurs de ne travailler qu’avec du bois français et surtout de la forêt de l’Allier. Si cette supercherie était véridique il faudrait plus de trois fois le superficie de la forêt de l’Allier pour assurer la production annuelle de fûts de chêne dit français et il y a longtemps qu’on y jouerait au golf. Une grande partie du bois utilisé par les tonnelleries françaises proviennent du nord de l’Europe et des pays de l’Est. Alors pourquoi pas de nos forêts de Wallonie et plus précisément de la vallée du Samson où les futées sont sélectionnées, coupées et entreposées.
La société Barwal, a livré la semaine dernière sa centième barrique au domaine du Chant d’Éole. Créée en 2020 par deux passionnés de vin Didier Mattivi et Hugues De Pra, Barwal s’est donnée comme mission d’offrir une alternative locale et qualitative aux fûts en chêne français utilisés par les vignerons belges. Elle fournit aux vignerons, brasseurs et bouilleurs de cru des fûts et des foudres élaborés à partir de bois de chêne belge de qualité. Outre le domaine du Chant d’Éole, le domaine des Marnières, Vin de Liège, Vin du Pays de Herve, Wijndomein Beerbosch, le Vignoble d’Occarius, le vignoble de Bellefontaine, le domaine Beekborne, l’IFAPME de Namur-Brabant Wallon, les Terres de Crompechine, le domaine W, la Tour de Tilice, le Clos des Ramiers, Dada Chapel, le Massacre, et même au-delà de la Belgique, le Château de Durette (Beaujolais) ont déjà fait confiance à Barwal.
Comme pour la vigne, il existe différents terroirs pour les chênes. La Wallonie en compte quatre, l’Ardenne, le Condroz, la Famenne et la Gaume qui produisent des merrains présentant des qualités spécifiques. Le merrain considéré comme le caviar des chênes, représente moins de 5% des troncs qui possèdent les qualités recherchées pour la fabrication des barriques. Des sections sans défaut ,aux grains serrés sont alors sélectionnées et mises à sécher au moins 3 ans avant d’être coupées en douelles. Barwal s’approvisionne principalement en chênes âgés de 80 à 200 ans dans les bois de Rochefort, de Philippeville et même de la dotation royale.
Malheureusement le métier de tonnelier qui requiert un savoir-faire ancestral a disparu de Belgique depuis l’époque napoléonienne. Toujours dans l’esprit de travailler en circuit le plus court possible, BARWAL a décidé de collaborer avec la tonnellerie la plus proche de la Wallonie, la Tonnellerie Artisanale de Champagne. La traçabilité du bois wallon est assurée par la tonnellerie avec un parc à douelles séparé. L’excellence à un prix, il faut compter près de 900 € pour un fût de 228 litres. Le projet prévoit de développer progressivement une tonnellerie au cœur des beaux terroirs de chênes wallons. La prochaine étape étant de faire sécher le bois et de le transformer en douelles sur place. Hugues De Pra estime qu’il faudrait atteindre une production annuelle de 200 tonneaux pour garantir la rentabilité du projet. Il ne suffit pas d’être passionné il faut aussi être patient, mais avec l’extension fulgurante des vignobles belges, la tonnellerie pourrait sortir de terre plus vite que prévu.