On ne passe pas par Cahors par hasard
18.02.2024
Situé au centre du sud-ouest de la France, éloigné des grands axes routiers, Cahors est une destination en soi. Situé à 2h30 de Bordeaux et 1h30 de Toulouse, le voyageur n’y passe pas par hasard mais par curiosité ou parce qu’il est déjà conquis par la richesse des ses terroirs généreux et sauvages habités par des hommes combatifs et généreux qui ne demandent qu’à partager leurs trésors gastronomiques et historiques.
Planté sur les terrasses surplombant les méandres de la rivière lot ou sur les Causses aride du Quercy le cépage malbec, même s’il doit partager son territoire avec d’autres espèces ( merlot et tannat), est la vedette incontestée et l’objet de toute les convoitises. Il représente 85% de l’encépagement. Berceau du cépage, Cahors partage aujourd’hui la renommée du malbec avec l’Argentine qui a également su profiter de sa versatilité.
Sur près de 60 kilomètres de long, de part et d’autre de la rivière Lot, le vignoble de l’AOC Cahors, qui embrasse la ville éponyme, est situé à mi-chemin entre la Méditerranée et l’océan Atlantique sur les contreforts du Massif central. Les 3.323 hectares de l’AOC Cahors qui produisent exclusivement du vin rouge, offrent aux visiteurs une mosaïque de paysages accidentés et torturés qui caractérisent les terroirs du Sud-Ouest de la France. 70% du territoire est couvert de forêts, la polyculture est courante, et la vigne est toujours associée aux cultures maraîchères, fruitières et céréalières, ou au pastoralisme.
Cépage identitaire
La notoriété de l’appellation Cahors est entretenue par le culte de son cépage identitaire, le malbec. Il ne faut pas parler du malbec au singulier mais plutôt des malbecs qui présentent une multitudes de facettes. L’histoire récente nous les fait découvrir sous deux angles principaux selon que l’on s’intéresse au cépage où aux terroirs. Le malbec est un cépage espiègle qui s’exprime différemment en fonction des différents clones mais révèle aussi les particularités des différents terroirs composés d’un véritable fatras géologique en guise de sous-sol. Les vignerons ont pu saisir ces multiplicités de terroirs pour donner vie à des vins qui ont « encore plus la gueule de l’endroit où ils sont nés » pour paraphraser la grand œnologue Jacques Puisais. Ici on exploite à loisir ces deux leviers pour façonner la large gamme des vins de Cahors.
Depuis une quinzaine d’années, les vignerons ont commencé́ à varier leurs techniques d’élaboration du malbec. Aux anciens, qui ont gardé́ et approfondi la maitrise des longs enlevages en bois donnant des vins très profonds, s’est ajoutée une nouvelle vague, souvent formée par des enfants de vignerons et des nouveaux venus. Poussant le malbec sur les chemins de traverse, on leur doit des profils de vin différents, qui jouent avec des élevages en béton, en amphores, ou en foudres. Tout naturellement, l’étendue des styles s’est étoffée avec des vins prêts à boire plus vite que les vins de grande garde toujours aussi gourmands et complexes. Des vins plus fruités et plus légers qui répondent à la demande actuelle des consommateurs urbains.
Oenotourisme
Le département du lot offre des sites d’exception, comme Rocamadour, l’un des lieux les plus visités de France, le gouffre de Padirac, qui descend à 103 mètres sous terre, ou la grotte du Pech Merle, aux peintures vieilles de plus de 25000 ans. Pour découvrir les paysages époustouflants, visiter les caves et marchés, déguster les foies gras et les truffes noires, il faut adhérer aux valeurs du « Slow » et aussi avoir le tempérament baroudeur. Les petits villages, le dédale de ruelles bordées de maisons médiévales de Cahors, les terroirs vinicoles des terrasses ou du Causse se visitent à pied, en vélo à cheval ou en canoë.
texte: Baudouin Havaux
photo: ©Alain Auzanneau