Le vignoble de Old Conynsberg à Boechout fête son dixième anniversaire, et continue à prendre son temps pour aborder l’avenir.

Alors que le domaine Entre-deux-Monts fête cette année son 20 ème anniversaire, nous en sommes encore au stade de l'expérimentation", déclare le vigneron Peter Melders. Tous deux sont de véritables pionniers de la viticulture belge. « En fait la Belgique est encore un champs expérimental ajoute, Lode Van den Brande, le principal financier du projet de Boechout dont le succès a suscité de nombreuses autres initiatives, comme l’atteste le nombre de nouveaux vignobles qui ont vu le jour dans la région.

Le domaine a fait ses premiers pas à l'ombre du moulin à vent de Boechout, même si aucune ombre n'y tombe jamais. Un petit vignoble de moins d'un hectare planté avec les cépages Auxerrois, Chardonnay, Pinot noir et Gamay. « Au début, nous avons surtout récolté beaucoup de scepticisme des voisins qui imaginaient mal un vignoble dans la région d'Anvers. Il a fallu faire preuve de détermination ». Car évidement les défis ne manquent pas faire murir du raisin en Belgique. Mais les huit associés dans ce projet ont prouvé qu'ils n’étaient pas insurmontables. Heureusement il existe un esprit d'entraide et un soutien mutuel entre les viticulteurs belges. Mais il faut bien avouer que la viticulture belge manque sérieusement de référence et les modèles pour chercher de l’inspiration sont assez limités. Peter Melders explique : « Prenons, par exemple, la maitrise des méthodes de taille. À un moment donné, on se rend compte que les connaissances à notre disposition sont insuffisantes. J'ai donc passé des semaines à suivre un cours en Italie pour maîtriser la méthode de taille Simonit».

(Lisez plus sous la photo de Peter Meldert, vigneron)

Les tarifs ambitieux d'Oud Conynsbergh suscitent également une certaine controverse, car elle va directement à l'encontre de la philosophie et de la stratégie du professeur d'économie et viticulteur Ghislain Houben, qui préconise pour les vins belges des rendements plus élevés et des prix plus bas, pour assurer un avenir à la viticulture belge.

Lode Van den Brande : « Les Houben, père et fils, se plaignent des rendements trop faibles pour la viticulture belge, mais en même temps, ils achètent autant de terres que possible dans le Limbourg. Leur discours est donc contradictoire. Dans notre cas, de réputés gastronomes me disent que nos vins affichent un bon rapport qualité-prix et qu'ils en achètent volontiers. Il ne faut pas mettre tous les vins belges dans le même sac. Notre objectif est de faire du vin haut de gamme et nous pensons que nos vins ont de meilleures chances de succès que les vins vendus à un prix plus bas. L'avenir, c'est moins mais mieux ».

Que nous réserve l'avenir à Oud Conynsbergh ? Tout récemment, un nouveau vignoble a été planté avec du chardonnay et du pinot noir. La production, augmentera régulièrement à l'avenir, mais il ne faut pas oublier que les premiers

vins n'ont été mis en bouteille qu'en 2019. Ici on cultive aussi le culte de la patience. Le vin mousseux, Brut Nature 2019, un 100% Chardonnay a reposé quatre ans sur lattes. Ce n’est que cette année qu’il est possible de le déguster et c’est clairement un grande réussite.

(Lisez plus sous la photo de Lode Van den Brande)

La cuisine de Roger van Damme et les vins de la maison

Pour souligner les 10 ans, le chef étoilé Roger van Damme (Het Gebaar), a mis les petits plats dans les grands (magnifique Sashimi de sébaste et carpaccio de bœuf wagyu). Pour accompagner ces plats on nous a servi des vins des tout premiers millésimes de 2018 à 2022, pour lesquelles la différence de style est frappante : On note une diminution du taux de sulfite qui laisse place à des vins plus naturels. L'Auxerrois 2020 élevé dans des barriques de bois d'acacia et le Pinot noir 2020 et l'Auxerrois 2022 élevés dans des barriques de chêne belge se sont distingués. A noter également que le Pinot noir 2018, une cuvée expérimentale à macération courte, est encore très vivant et ne présente aucun signe d'évolution.