Le Languedoc revient de loin. Chassé comme hérétique au Moyen Âge, humilié par le Pape et le roi de France, puis contraint par Napoléon à fournir du vin à vil prix pour apaiser ses soldats sous-payés, il a pris aujourd’hui sa destinée en main. 

Depuis 20 ans, les vignerons occitans se sont débarrassés de l’image du vin « rustique et bon marché". Le temps est également révolu où la notion de "vin de terroir" semblait réservée aux seuls vins de Bourgogne ou de Bordeaux. Après des siècles de dur labeur, les vignerons du Midi ont parfaitement identifié les parcelles capables de produire des vins d’exception. Ces parcelles regroupées en appellations confidentielles, se distinguent de l'appellation générique AOP Languedoc. Elles appliquent également un cahier de charge écologique beaucoup plus contraignant.

De l'écologie à la synthèse

Prenons l’exemple de Faugères, une de ces petites appellations qui ne mentionne pas "Languedoc" sur son étiquette. Cela voudrait dire qu'un Languedoc générique n’est pas un bon vin. Certes non ! Faugères souhaite simplement afficher sa différence. Elle se distingue particulièrement en termes d’une gestion durable de son vignoble. Depuis 2008, l'utilisation d'herbicides y est interdite et il est obligatoire d’enherber entre les rangs de vignes, plantés principalement sur des sols d'ardoise. A ce jour, pas moins de 75 % des viticulteurs sont certifiés « biologiques ».

Dans l’appellation Minervois-La-Livinière, qui peut désormais afficher "Cru La Livinière" sur ses étiquettes, le vigneron Frantz Vènes va encore plus loin que la culture biologique et opte pour une agriculture « syntrophique » (notion de relation symbiotique obligatoire entre deux espèces où l'une se nourrit des produits de l'autre). Des amandiers et des chênes truffiers côtoient les vignes. Les cultures associées de céréales et des pois chiches assurent la biodiversité. En fait il n’a rien inventé. C’était une pratique courante à l’époque où avant l'introduction des tracteurs, des pesticides et des herbicides, les agriculteurs élaboraient du vin pour leur propre consommation. Plutôt que d'utiliser des machines lourdes, qui tassent le sol, la famille Vènes a fait appel aux moutons qui préservent la structure du sol, améliorent le drainage et stimulent la vie du sol.

L’appellation La Clape est un cas géologique à part : une colline cabossée située à 214 m d’altitude au bord de la Méditerranée. Balayés par la brise marine, les germes pathogènes n’ont aucune chance de se poser sur la vigne. A l'époque des Romains, ce terroir était une île "Insula Laci". Son emplacement privilégié l’épargne des traitements phytosanitaires. Située au cœur du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise, les pins et la garrigue composent son environnement. Tous les vignerons sont signataires de la charte Natura 2000, et dans ce cadre, 400 moutons parcourent en permanence les 800 hectares de vignes. Plus d'un quart des vignerons sont certifiés bio ou en conversion.

L’appellation Les Terrasses du Larzac constitue un phénomène unique. Durant de longues décennies, la région ne comptait que quelques agriculteurs qui n’élaboraient du vin que pour leur consommation personnelle. Il y a près de 10 ans, une douzaine de viticulteurs ont sollicité le décret d'appellation. Le Larzac est constitué essentiellement d’un massif montagneux parsemé de "terrasses", seules planches de salut pour le vignoble. Quand on évoque le Languedoc, on imagine la chaleur torride de l'été. Pourtant, trois éléments viennent rafraîchir le paysage : le massif central qui constitue le contrefort, la mer au loin et le grand lac de Salagou, célèbre pour ses rives tintées par l'argile rouge, appelée "ruffes". Par respect de la nature, 75 % des vignerons travaillent en agriculture biologique certifiée (voir photo ci-dessus).

Les Grés de Montpellier est la plus récente de ces nouvelles appellations. Depuis novembre 2023, cette appellation spécifique est reconnue pour ses vins rouges, et à partir de 2024, les étiquettes ne porteront plus la mention « Languedoc ». Les "Grès" sont des pierres épaisses qui emmagasinent la chaleur du soleil et la restituent aux plantes pendant la nuit. Les vignerons fiers de la beauté du paysage, dessinée par de grands pins, sont près de 70% à pratiquer une agriculture biologique.

Les jeunes appellations comme les Terrasses du Larzac et les Grés de Montpellier attirent beaucoup de jeunes vignerons qui ne sont pas tous enfants de vignerons. Avant d’investir toutes leurs économies et leur courage, ils y ont réfléchi à deux fois et ont naturellement opté pour une conduite écologique de leur entreprise.

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Sélection de vins 'premiums' du Languedoc

• Domaine Pujol Minervois ‘Saint-Fructueux’, €24,00 (HVE3)
Chez Château-Vini

• Domaine de Cébène Ex-Arena Faugères, €16,50 (biodynamisch)
Chez Matthys-Wines

• Château Maris ‘Naïve’, Cru La Livinière, €25 (biodynamisch)
Bij Cordier-Wines

• Château Saint-Estève ‘Ganymède’, Corbières Cru Boutenac, €35,90 (HVE3)
Chez Magnus Wijnen

• Château de la Liquière ‘L’Ampoule’, Faugères, €12,90 (bio)
Chez Santé Wines

• Le Clos Rouge ‘Alerte Rouge’, Terrasses du Larzac, €21,86
Chez Palais du Vin

• Château Castigno Blanc, Saint-Chinian, €32,90
Chez Ad Bibendum

• Maison Castel 'Séries Limitées, Languedoc Pézenas, €22,30
Chez De Keyzer Drinks

photo au dessus de l'article ©MaisonCastel