De Bruges au Nouveau Monde : l’histoire de Matthys Wines
13.10.2025

« Le goût du vin est au centre de tout ce que nous faisons, quel que soit le pays d’origine.
Chez Matthys, il ne s’agit pas d’étiquettes ou de prestige, mais de plaisir et de découverte : rester curieux et continuer à explorer de nouveaux vins… »
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Comment est née Matthys Wines ?
Frank Matthys : Je ne viens pas d’une famille de vignerons. Économiste de formation, je cherchais surtout un créneau à exploiter, et cela ne devait pas forcément être le vin. À la fin des années 80, début des années 90, le marché belge du vin était très différent d’aujourd’hui : environ 85 % provenait de Bordeaux. Le reste était constitué de Rioja bon marché, de Chianti en fiasques de paille et de vins allemands simples. Il y avait donc peu de choix, et la qualité laissait souvent à désirer.
En Angleterre, j’ai découvert l’essor des vins du Nouveau Monde — Australie, Chili, Californie — offrant une qualité surprenante à un prix très abordable. J’ai alors compris qu’il y avait là une opportunité intéressante.
J’ai investi tout ce que j’avais dans un bâtiment à Bruges et j’ai lancé mon entreprise. Les premiers clients sont venus par curiosité. Il fallait tenir bon dans un marché statique, mais j’avais un avantage : j’étais le premier à proposer des vins provenant de plusieurs pays émergents. Depuis lors, notre société a souvent été qualifiée de « spécialiste du Nouveau Monde », même si notre gamme est restée historiquement équilibrée, à environ 50/50 entre l’Europe et le reste du monde.
L’offre du Nouveau Monde reste donc un élément distinctif par rapport à vos concurrents…
Frank Matthys : C’est vrai. Mais depuis des années, j’essaie d’élargir notre image. Au départ, nous ne proposions pas de vins d’Europe de l’Est, post-soviétiques, car ils étaient encore très rustiques. Aujourd’hui, nous couvrons presque tous les pays d’Europe de l’Est, et nous allons bientôt importer du vin d’Ukraine.
Qu’est-ce qui distingue votre approche, au-delà de l’assortiment ?
Frank Matthys : L’importation directe, pas d’intermédiaires. Nous sélectionnons nous-mêmes nos producteurs et les connaissons personnellement. Grâce à cette méthode, nous pouvons offrir un excellent rapport qualité-prix.
Nous avons également été pionniers des vins biologiques et biodynamiques, il y a plus de vingt ans déjà. Certains producteurs arborent un label officiel mais utilisent encore beaucoup de produits chimiques. C’est pourquoi nous regardons au-delà des labels : nous observons la manière dont les vignerons travaillent à la vigne, à la cave et tout au long du processus de dégustation.
Nous attachons aussi une grande importance à la durabilité. Depuis quelques années, nous collaborons activement avec Go Forest, une ASBL belge qui plante des arbres dans le monde entier pour compenser les émissions de CO₂.
Nick Matthys : Enfin, nous soutenons également Wine In Moderation, un programme de responsabilité sociale au sein du secteur. Le vin est une boisson conviviale, qui rassemble les gens, contrairement aux spiritueux ou à la bière, souvent consommés individuellement. La modération reste toutefois essentielle.
Selon vous, quels pays producteurs de vin sont encore peu connus en Belgique, mais pourraient gagner en notoriété ?
Frank Matthys : Personnellement, je vois un grand potentiel en Europe de l’Est. Pendant la période soviétique, des pays comme la Roumanie et la Hongrie produisaient surtout du volume, souvent avec les mauvais cépages. Après la chute du mur, ils ont dû replanter et investir dans de nouvelles infrastructures, un processus long. Trente ans plus tard, la qualité est aujourd’hui excellente, et les prix restent compétitifs grâce à des coûts de production plus faibles.
L’Albanie est un autre exemple : des vignobles authentiques, à faible rendement, mais des vins modernes et de grande qualité.
Nick Matthys : Le Portugal est aussi, selon moi, encore sous-estimé.
Frank Matthys : Et en dehors de l’Europe, il y a des pays comme l’Uruguay, qui produit des vins remarquables, ou la Grèce, surtout pour les vins blancs. L’Arménie, un peu comme l’Albanie, reste isolée, mais très prometteuse.
Où les amateurs peuvent-ils acheter vos vins ?
Frank Matthys : Nous avons une boutique bien connue à Bruges, près de l’autoroute Courtrai-Zeebruges. Ce magasin reste important, même si beaucoup de gens achètent désormais en ligne. Juste avant la pandémie, nous avions lancé un nouveau site web. Un mois plus tard, le confinement a commencé, et nos ventes en ligne ont alors explosé.
Nick Matthys : Ce qui est intéressant, c’est que les commandes en ligne sont souvent très réfléchies. Les clients recherchent vraiment des produits de niche qu’on ne trouve pas partout — et d’une manière ou d’une autre, ils arrivent chez nous.
Votre passion est évidente ! Pour conclure, pouvez-vous nous parler de vos week-ends de dégustation d’automne, les 18–19 et 25–26 octobre ?
Nick Matthys : Pendant ces week-ends, les visiteurs reçoivent un livret reprenant tous les vins ouverts, classés par style : frais, blanc, rond, fruité, rouge ou puissant. Ils peuvent ainsi faire leur propre sélection avant de déguster. Tous les vins sont accessibles, mais chacun est libre de découvrir à son rythme — sans aucune pression commerciale.
Frank Matthys : Exactement. Nous faisons confiance à nos clients pour faire leurs propres choix. L’expérience et la découverte priment : il s’agit de trouver des vins qu’ils ne trouveront nulle part ailleurs. Nous respectons profondément nos producteurs et refusons toute guerre des prix.
Nick Matthys : Tout le monde est le bienvenu, de vingt à soixante-dix ans…
Je remarque d’ailleurs que beaucoup de jeunes s’intéressent à de nouveaux pays viticoles. Et je ne parle pas seulement de l’Afrique du Sud, de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande, mais aussi de régions inattendues comme l’Albanie, la Bosnie, l’Uruguay ou même la Chine. Chez nous, c’est le goût du vin qui compte, pas son origine.
Frank Matthys : C’est tout à fait ça. Les gens savent qu’ils sont libres ici, qu’ils peuvent explorer tranquillement. Chez Matthys Wines, il ne s’agit ni d’étiquettes ni de prestige, mais bien de plaisir et de découverte — rester curieux et continuer à apprendre à connaître de nouveaux vins.
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