Journée mondiale du Malbec : histoire d’un cépage globe-trotter
17.04.2025

En ce 17 avril, nous célébrons la Journée internationale du Malbec. Nous avons donc décidé de vous présenter ce cépage français, aujourd’hui largement cultivé en Amérique latine. Le Malbec se distingue par son caractère velouté et charnu, avec des notes de cacao et de fruits noirs qui lui confèrent rondeur et sensualité, le tout encadré par des tanins lissés.
En toute logique, personne n’aurait jamais parié sur le succès international du malbec. Avant la crise phylloxérique, le malbec était un cépage largement répandu à Bordeaux, il couvrait au XIXe siècle jusqu’à 80% des vignobles de Bourg et de Blaye. Apprécié par les vignerons surtout pour ses hauts rendements, sa charge tannique et ses vertus colorantes, le malbec n’offrait en somme que peu de vertus qualitatives. Paradoxalement, le fléau du phylloxéra s’est avéré être la planche de salut de ce cépage qui aurait pu tomber aux oubliettes.
L’impact du phylloxéra et l’adoption des porte-greffes
L’usage du portegreffe d’origine américaine, généralisé en Europe comme solution miracle contre le phylloxéra, a radicalement modifié les caractéristiques du cépage. Le raisin produit moins de tannin, et surtout sur les pieds plus âgés, son rendement a beaucoup diminué. Il en résulte des vins plus délicats qui, après une longue période de maturation en fûts de chêne ou en bouteille, acquièrent un caractère velouté et charnu avec des notes de cacao, de fruits noirs qui apportent rondeur et sensualité, le tout encadré par des tanins lissés.
L’abandon du cépage en France
Malgré cette amélioration qualitative, le malbec a été massivement abandonné en
France à cause de sa sensibilité à la pourriture et à la coulure. Il n’a pas pour autant été gommé des cartes viticoles françaises où il s’affiche comme porte-drapeau du vignoble de Cahors et de plusieurs départements du Sud-ouest et du Languedoc. En France, le malbec est également connu sous le nom de côt, d’auxerrois (à ne pas confondre avec le cépage alsacien) dans le Sud-ouest et de pressac en Gironde.
L’Argentine, un tournant pour le Malbec
Le malbec n’aurait jamais connu cette percée sans l’influence “boomerang” de l’Argentine. Dans les années 80, un tiers des 300 000ha du vignoble argentin était couvert de malbec ; les rendements, excessivement élevés, pouvaient dépasser les 130 hectolitres par hectare pour répondre à la demande locale des Argentins qui consommaient 90 litres de vin par an et par habitant. La presse occidentale l’écrivait d’ailleurs “malbeck” pour faire la distinction avec le malbec plus noble produit en France. A cette époque, le succès de la bière eut comme conséquence la diminution de la consommation du vin de 70% et l’arrachage massif du vignoble. Heureusement, quelque 10 000ha de ces anciens pieds de malbec ont survécu à la dévastation. Ce sont précisément ces vieux pieds qui ont fourni la base à la majorité des vins argentins actuels de qualité.
La reconnaissance internationale du malbec argentin a débuté dans les années 90 grâce aux pionniers comme Zuccardi ou Norton, suivis par des investisseurs étrangers : Rotschild, Concha y Toro, Fournier,Michel Rolland et partenaires, etc.
Un compagnon idéal pour les viandes grillées
A l’image d’une main de fer dans un gant de velours, le malbec est le partenaire idéal des viandes grillées. Il ne peut cacher sa richesse en tanins, bien présents mais fins, qui s’associent à merveille aux tissus gras de la chair bovine.