Tom Ieven, candidat belge au titre de meilleur sommelier du monde : « C’est comme ça que j’entretiens le feu sacré ! »

Par Dirk Rodriguez 

23.01.2023

Personne ne va concourir pour le titre de meilleur sommelier du monde du jour au lendemain. Cela implique des mois, voire des années de préparation et vous n'êtes pas le seul sommelier de votre pays à vouloir briller lors de cette Coupe du monde qui n'a lieu que tous les trois ans. Mais cela n'a pas pu arrêter Tom Ieven. Interview.

Tom Ieven n’est pas le premier des meilleurs, il a interrompu un cours de gestion hôtelière lorsque le virus du vin s’est emparé de lui. Il a passé son WSET-2 (2013) et a successivement travaillé au Schone van Boskoop (stage), est devenu maître sommelier à Ardent, puis sommelier à Zilte et est chef sommelier à Hof van Cleve depuis quatre ans. Entre-temps, il a obtenu son diplôme WSET (2020), est devenu Meilleur Sommelier de Belgique et s’est rendu aux Championnats européens de l’ASI où il s’est classé parmi les 20 premiers sur 45 participants. Tom Ieven : « Pas mal, mais j’ai aussi réalisé tout de suite qu’il y avait encore beaucoup de travail à faire. »

Vino s’est entretenu avec le candidat belge à la veille du concours de l’ASI (Association de la Sommellerie Internationale, ndlr) à Paris où il représentera notre pays dans la course au plus haut Graal des sommeliers : gagner la Coupe du Monde et devenir Meilleur Sommelier du Monde.

Vino : Quelqu’un a-t-il dû vous persuader de participer à cette compétition, car vous savez bien sûr que le championnat du monde n’est pas une petite bière.

Tom Ieven : « Haha, non, personne n’a eu à me convaincre, je le voulais moi-même. Depuis que le virus du vin s’est emparé de moi, je me fixe des objectifs. Je voulais devenir Meilleur Sommelier de Belgique et aussi travailler au Hof van Cleve en tant que chef sommelier. Ces objectifs ont été atteints, j’avais donc besoin d’un nouvel objectif pour maintenir le feu sacré. »

C’est évidemment un très grand objectif.

Tom Ieven : « Je le sais, mais je le fais surtout parce que c’est un grand défi. D’un autre côté, je ne veux pas me mettre la pression, je n’ai pas une équipe d’entraîneurs et de psychologues autour de moi comme certains de mes concurrents. J’aurais pu, mais je ne ressens pas ce besoin. Peut-être pour ne pas mettre une pression supplémentaire sur mon entourage et moi-même. Bien sûr, j’ai eu beaucoup d’aide de la part des fournisseurs et de mon collègue sommelier Tom Christiaens, qui me met régulièrement à l’épreuve. »

La guilde des sommeliers belges vient-elle de vous donner un laissez-passer pour représenter notre pays lors des championnats européens et des coupes du monde ?

Tom Ieven : « Non, ce n’est pas autorisé. La Belgique a d’abord dû organiser un concours interne de sélection par l’ASI parmi les meilleurs sommeliers pour les championnats européens. J’y suis arrivé grâce à Gianluca Di Taranto et Dries Corneillie. Pour la sélection du championnat du monde, je devais affronter Antoine Lehebel, qui a terminé 10e au championnat du monde 2019 à Anvers.  »

Toute la Belgique qui aime le vin observera vos agissements avec suspicion…

Tom Ieven : « J’en suis conscient et je l’ai déjà remarqué lorsque j’ai participé aux championnats européens. Antoine Lehebel m’avait déjà beaucoup parlé du déroulement d’une telle compétition, mais quand on est en plein dedans, c’est autre chose. Je suis heureux de pouvoir emporter cette expérience avec moi. »

Les questions théoriques lors d’un tel championnat sont généralement parsemées. Est-ce qu’il y en a quelques-unes de la CE dont vous vous souvenez ?

Tom Ieven : « Oui, une question à laquelle j’ai dû répondre était celle sur les dossiers aveugles. On nous a donné trois grandes régions où il fallait remplir les appellations : La Californie du Sud, la Turquie et l’Inde. Nous devions également être en mesure d’énumérer toutes les sous-régions de la Colombie britannique au Canada. Il se trouve que j’ai répété ça. Mais, bien sûr, vous ne pouvez pas tout savoir. »

Vous vous seriez préparé avec Christoph Heynen MW ?

Tom Ieven : « Il faut étudier la théorie soi-même, mais pour la dégustation à l’aveugle des vins du monde, j’ai été assisté par Christophe, à l’intercession du président de la Guilde, Kris Lismont, ce dont je lui suis très reconnaissant. Nous nous rencontrons régulièrement depuis le mois de juin et j’ai énormément appris. »

Dans quelle mesure Peter Goossens vous a-t-il aidé à participer ?

Tom Ieven : « Le travail à Hof van Cleve est trop important, il ne pouvait pas simplement céder. Mon travail passe avant tout. Je suis déjà très heureux et reconnaissant que le chef et madame m’aient accordé une semaine de congé sans solde pour participer à la compétition. »

Avez-vous reçu le soutien de votre famille et de vos amis ?

Tom Ieven : « Oui, en effet, et c’est à ma femme que revient tout le mérite de m’avoir permis de faire cela, car après tout, cela signifie que tout votre temps libre est occupé par cette compétition, donc pas de temps pour les sorties ou les achats du week-end. »

Nous vous souhaitons beaucoup de succès, Tom !

(Photo ci-dessous ©Christophe Heynen MW)

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